Climat;
La Picardie appartient à la frange méridionale de l’Europe du Nord-Ouest et, comme l’ensemble de ce grand domaine géographique, elle est largement occupée au cours de l’année par des masses d’air humides et fraîches venues de l’Atlantique nord, réchauffées cependant par les eaux plus tièdes de la dérive nord-atlantique. En hiver, la Picardie, généralement plus humide que froide, se situe en limite ouest des avancées d’air polaire continental froid et sec. Sur les hauteurs du Bray et en Thiérache, la neige peut s’accumuler et persister quelques jours. Une fraîcheur persistante, une humidité quasi-permanente et des vents puissants, surtout en bordure du littoral, caractérisent la Picardie. Au printemps, comme en automne, voire en hiver, peuvent survenir de belles journées ensoleillées.
Le climat picard présente
En Picardie, le rythme des saisons ne présente pas de grands contrastes et la longueur des saisons intermédiaires est telle que l’hiver n’est à la limite qu’une période un peu plus fraîche et l’été quelques semaines un peu plus ensoleillées. Printemps et automne sont longs et presque monotones, les températures modérées et fraîches (12 à 15°), les pluies assez fréquentes (15 à 20 jours par mois) et abondantes, l’ensoleillement aussi varié qu’imprévisible, des éclaircies radieuses succédant de manière inattendue à de longues séances grises ou pluvieuses. Ces saisons intermédiaires sont les grandes époques du vent qui souffle principalement de l’ouest et du sud-ouest. Vers l’est, ces vents se tempèrent et les ceux du nord-est s’affirment de plus en plus.
L’été est assez court et modéré (17 à 20° environ). L’ensoleillement modeste ne dépasse guère 40 % de l’ensoleillement annuel (environ 1600 h/an à Saint-Quentin, 1660 h à Abbeville et 1700 h à Creil). Les éclaircies sont plus fréquentes que pendant les saisons voisines, le soleil plus chaud, la brume plus rare et surtout moins durable.
En hiver, la variabilité du climat est encore plus grande, et si les températures moyennes mensuelles sont positives, certains jours le thermomètre peut rester en dessous de 0 : gel, verglas et neige sont assez imprévisibles. Si janvier et février sont les mois les plus froids, ils comportent aussi de belles journées lorsque l’air polaire froid et sec envahit la Picardie : les ciels purs et les températures contrastées s’installent pour quelques jours, apportant la gelée. Entre septembre et mai, seul le sud de la Picardie peut échapper au risque de gelées trop précoces ou trop tardives.
À l’intérieur de ce cadre général, le climat de la Picardie n’est que nuances. Les précipitations, par exemple, varient de 600 mm dans la vallée de l’Oise et le Santerre méridional de Montdidier à Compiègne, à près de 1 m en Thiérache. Cependant d’Abbeville à Méru, à Château-Thierry et à Laon, il ne tombe pas 700 mm en année moyenne. Le mois comportant le moins de jours de pluie (une dizaine) est juillet à l’ouest et octobre à Laon où l’été paraît moins fréquemment arrosé. Les jours de brume sont par contre plus fréquents vers l’intérieur (Creil et Saint-Quentin) qu’à Abbeville.
Aussi la modération est-elle le caractère dominant du climat picard : températures moyennes partout voisines de 10°, hivers doux (moyennes du mois le plus froid légèrement supérieures à 0°), été chauds mais sans excès, saisons intermédiaires longues et variées. Parfois les écarts prennent l’allure de catastrophes : hivers rigoureux et neigeux, étés trop chauds mais surtout gelées précoces (à partir de septembre) ou tardives (jusque mai), périodes pluvieuses qui n’en finissent plus, etc.
Localement, les facettes du climat picard sont multiples. Le climat littoral est frais sans être froid et donc légèrement plus chaud qu’à l’intérieur des terres, assez sec, plus venté et moins brumeux. En arrière de cette bande littorale de quelques kilomètres, une frange d’une cinquantaine de kilomètres, fraîche, copieusement arrosée, surtout en automne et en hiver, et très ventée. Le cœur de la Picardie, d’Amiens à la vallée de l’Oise et au Noyonnais, est moins arrosé, plus abrité du vent par les hauts plateaux normands, plus ensoleillé, plus riche en vallées et «coupures vertes» parfois plus brumeuses que les plateaux, et un peu plus chaud aussi. Ces caractères s’épanouissent sur la Brie, proche de Château-Thierry, où l’été est assez chaud mais, les influences continentales relayant progressivement les influences océaniques affaiblies, l’hiver devient légèrement plus froid. Plus élevée, plus arrosée et plus fraîche aux sols imperméables, la Thiérache constitue un petit pays brumeux où l’hiver est la saison la plus arrosée, caractère qui s’esquisse déjà à Laon.
Le climat picard connaît donc des transitions selon un gradient longitudinal où les influences océaniques cèdent progressivement devant les tonalités plus continentales, et aussi selon un gradient latitudinal où vers le nord s’affirment les brumes, de courte durée certes mais fréquentes.